Nul besoin des feux de la rampe, de caméras ou de micros pour se sentir l'objet de tous les regards. Palpitations, rougeurs, sueurs froides, inhibitions n'ont souvent pas d'autres scènes que celles de la vie quotidienne. Qui ne fait l'expérience de sa vulnérabilité quand il se sent exposé au jugement de l'autre ? Mais la timidité est-elle une maladie ? Christophe André et Patrick Légeron répondent en psychiatres : elle n'est à leurs yeux qu'un trouble, une gêne, un obstacle. On ne contestera pas qu'elle est souvent vécue ainsi et que sous certaines formes aiguës, elle peut en effet relever d'une véritable pathologie. Pourtant, pour ces cas graves, l'analyse qu'on nous propose ici, décrivant les pensées qui accompagnent consciemment l'angoisse devant l'autre, ne saurait suffire à expliquer, encore moins à soigner. Quant à la timidité ordinaire, celle qu'on surmonte plus ou moins selon l'âge ou les circonstances, doit-on n'y voir qu'un mal ? N'a-t-elle pas ses vertus, incitant par exemple à la circonspection, au tact et à la compréhension, qualités qui font si souvent défaut aux gens très "assurés" ? Les moralistes avaient sans doute raison de voir dans les appréhensions du timide une fragilité intime que chacun, à des degrés divers, doit surmonter en son for intérieur. La médicalisation des passions risque fort de nous éloigner de cette sagesse. Cette troisième édition de La Peur des autres a été augmentée et entièrement remise à jour.
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