Après plusieurs millénaires d’esprits malfaisants, de démons tourmenteurs, le christianisme a inventé le Diable, héritier du Serpent et des Satans de la Bible. Le diable a droit à notre reconnaissance, car il prend à sa charge le Mal dans la vie et dans l’histoire, qui est l’oeuvre de la diabolique espèce humaine. Les démons et le diable n’ont pas cessé de nous hanter. On y croit ou pas, mais ce rusé se sert même de l’incroyance, affirmant, avec Dostoïevsky et Baudelaire, qu’il est plus fort encore s’il n’existe pas. Entre superstition, religion et réalité, il joue tous les rôles: bourreau, victime fantasme, tentation, péché, plaisir, malheur. On le décrit, on l’évoque, on le représente, on le fait parler et chanter. Ecrivains, poètes, peintres, musiciens, si l’on doute de lui, le font exister.. Avec Dieu pour complice, l’Enfer pour royaume, il se manifeste dans la vie, dans l’Histoire, dans la culture. On le traque et on le célèbre à la fois en chassant les sorcières et en diabolisant ce que l’on craint ; d’autres l’adorent. Aujourd’hui,on le combat, on l’exorcise ou on l’adore. Des catholiques les plus conservateurs aux satanistes, on y croit dur comme fer, et lorsqu’on doute, les maléfices humains appellent sa vraisemblance. De A jusqu’à Z, ce sont des univers culturels fascinants que l’Esprit du Mal anime. .
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