Car l’Ennemi suprême de Dieu que nous connaissons n’a pas existé de tout temps, ni en tout lieu. Ni les Hindous, ni les Chinois, ni les Egyptiens, ni les Grecs, ni les Romains, ni bien d’autres encore, tous pourtant religieux, n’ont conçu de Grand Ennemi infernal. On le croit défini par la Bible. Il n’en est rien car, dans le premier livre de l’Ancien Testament qui fait mention de lui, le Livre de Job, il est représenté, bien après la Création, siégeant dans le Conseil céleste, auprès des anges, et s’entretenant avec Dieu en termes amicaux.
La vaste histoire généalogique du Malin, que voici, traverse les siècles, les continents et les cultures. Gérald Messadié y démontre que le Diable, en tant qu’ennemi du Dieu suprême, fut d’abord une invention politique, destinée à renforcer le pouvoir du clergé iranien du VIe siècle avant notre ère. Et que, par la suite, et notamment sous l’Inquisition, la lutte contre Satan fut surtout un fonds de commerce, destinée à enrichir les clergés par la confiscation des biens des » possédés » et autres » suppôts de Satan « . Le Diable est encore de nos jours un personnage politique : il sert d’emblème ait refus de toutes les autorités, du travail et de l’amour : c’est le dieu du nihilisme.
De Sade à Baudelaire et aux provocateurs contemporains, le culte du Mal a néanmoins imprégné la culture. Aux Etats-Unis, par exemple, les sectes satanistes mobilisent la police, en raison des atroces sacrifices humains qu’elles prêchent et pratiquent. Foisonnant de références et d’analyses scientifiques, parfois parsemées de souvenirs personnels, l’Histoire générale du Diable dénonce l’artifice du sophisme inventé par Baudelaire : » La plus grande ruse du Diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas. » Bien au contraire, cette croyance est la cause des fanatismes et des aveuglements qui divisent et ensanglantent encore la Terre.
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