L’école républicaine de Jules Ferry aura bientôt cent cinquante ans. Une vieille dame dont les débuts inspirent une forte nostalgie. Ses secrets sont-ils encore valables aujourd’hui?
Apprendre à lire, écrire et compter. Voilà la première mission de l’école et de l’enseignement. À la fin du XIXe siècle, sous la poigne de Jules Ferry, formidable défenseur de l’école publique et républicaine, cette ambition devint un devoir sacré. L’enjeu était énorme. La difficulté aussi. Il fallait d’abord « apprendre à apprendre ». En quelque sorte inventer la base des pédagogies. Lutter contre l’absentéisme colossal des enfants de la campagne. Lutter contre ces milliers de parents qui étaient bien loin de partager la conviction des maîtres d’école et doutaient que lire, écrire, compter puisse servir à quelque chose. Lutter aussi contre des préjugés religieux et violents qui déniaient à la République athée et laïque le droit moral de transmettre ces savoirs. Mais l’école, les maîtres, les « instits », ceux que l’on a un jour appelés les hussards noirs de la République, se sont battus comme des diables. Et cela a marché.Un peu après la Première Guerre mondiale, on a estimé qu’il ne restait plus que 1% d’enfants illettrés. Comment s’y prenait-on? Comment l’école parvenait-elle à cette réussite, alors que l’on sait plus que jamais aujourd’hui combien l’entreprise est difficile?Michel Jeury répond à ces questions en rappelant les techniques et les principes d’enseignement d’autrefois, ces méthodes pédagogiques qui ont formé nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Il le fait sans nostalgie mais avec humour. Le livre abonde d’extraits des cahiers d’école d’alors, les exercices, les dictées, les « devoirs ». Il est aussi riche de souvenirs, d’une chair d’expérience. Il s’agit de comprendre, avant de les juger, comment travaillaient les maîtres d’autrefois.Le but n’est pas de découvrir une école parfaite. L’école de la IIIe, IVe République, celle du début de la Ve République n’avait ni toutes les vertus ni tous les vices dont la parent nos mémoires et l’inquiétude devant nos échecs. Elle était seulement une réussite modeste pour une ambition formidable.
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