Quand la rédaction de L’Aurore proposa à Pierre Desproges, alors inconnu, de rédiger des brèves dans les colonnes des faits divers, ils ignoraient qu’ils avaient ouvert la vanne d’un infatigable provocateur à la langue soutenue, un humoriste d’avant-garde, décalé et incisif. Un important courrier de lecteurs indignés a bien failli causer sa perte, et il ne dut son salut qu’à l’admiration de Françoise Sagan, qui l’avait remarqué et apprécié. On vit alors apparaître au milieu des chiens écrasés les prémisses du Desproges que l’on connaîtra plus tard grâce au Petit Rapporteur, d’authentiques dépêches revisitées avec irrévérence et brio, devenant autant de bijoux dans l’écrin du journal : « un remarquable crétin a volé l’autre jour un car de police dans une rue de Londres. Il y avait onze flics dedans ». Tout Desproges est déjà là-dedans, et c’est une raison amplement suffisante pour se jeter dessus.
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