“Je ne suis rien. Je n’ai pas été violée, je n’ai pas été abusée, je n’ai pas eu faim. Vous pensez qu’il faut avoir été violée pour porter le viol, abusée pour ressentir l’abus, avoir eu faim pour être assourdie par le cri des ventres creux ?” C’est la fin d’une traque. Dolorès Leal Mayor vient d’être appréhendée. Elle est accusée d’avoir assassiné une dizaine d’hommes après les avoir séduits. D’avoir ouvert partout dans le pays une brèche, déclenché une vague de fureur chez les femmes, victimes du capitalisme et de son patriarcat. Pour tenter de juguler l’épidémie de meurtres, Antoine Petit, jeune psychiatre rongé par une désespérance sourde et aux prises avec l’addiction, est sommé de déclarer Dolorès irresponsable de ses actes. On veut éviter le procès qui entérinerait son statut d’icône. Au fil des entretiens qu’il mène dans un centre pénitentiaire niché au cœur des Alpes, Antoine se confronte alors à Dolorès. Et entre ces deux êtres en déshérence, abîmés chacun à sa manière, se met en place un jeu de dupes aux étranges échos, tissé de colère, d’accablement, de certitudes et de doutes. Jusqu’à la vérité. Fable contemporaine sur la violence induite par le poids de l’oppression, “Dolorès ou le Ventre des chiens” est un roman noir, amer, une ode à l’embrasement, à l’incandescence des révoltes.
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