Le dernier acte héroïque d’un Poilu... « À 90 à l'heure, il ne m'avait pas loupé, le sagouin. Il ne s'était pas raté non plus, son cadavre en charpie recouvert d'un vulgaire drap. La bagnole, comme au billard, avait pris le frêne de plein fouet. Au pont du chemin de fer quasiment. Sur les rails pour un peu, à se taper un Corail. J'ai cru qu'ils n'arriveraient jamais à l'extirper du fourgon. Enfin, de ce qui s'en approchait la veille encore, un break « Colorale » hors d'âge bigné de partout. Bon pour la casse à présent. On n'osait pas me toucher, à deux doigts d'y passer, intransportable sans doute. La tête inclinée, les yeux mi-clos, j'entrevoyais dans la pénombre l'agitation proche. Tandis que je « m'en allais », je savourais du ciel pétillant, la fraîcheur des flocons sur ma joue. Quelques minutes encore, une heure au plus, on n'en parlerait plus, l'esprit captif du compte à rebours inflexible qui égrenait ses secondes. Au besoin, il ne tenait qu'à moi d'ici minuit de me laisser couler. Mourir le premier décembre... »
PapaDustream