Il a, pour une fois, fait la connaissance d’une femme encore moins attirée par le mariage qu’il ne l’est. Comme il est regrettable que ce soit la seule qu’il envisage d’épouser ! George Clavering est bien trop jeune pour songer à se marier. Certes, son frère aîné et même sa jeune sœur ont déjà convolé en justes noces, mais il a encore devant lui de nombreuses années de distractions, de joutes et de paris sportifs avant d’envisager de franchir le pas. Même jouer à former des couples s’apparente à un sport lorsque les gentlemen parient au club sur les succès ou les échecs amoureux de la saison. Une chose est certaine : il ne leur donnera pas l’occasion de parier sur lui. De plus, pourquoi s’établir alors que des femmes comme lady Alice renouvellent l’art du pari en jouant les aimables Cupidon ? Lady Alice St. Clair est la cinquième fille du duc de Carr. Elle possède une fortune personnelle, se trouve libre de ses choix et n’a donc aucune raison de se marier. Elle n’en a certainement pas l’intention. Si le marché du mariage n’a rien d’autre à offrir que les paltoquets sans attrait qui se sont présentés à sa porte les cinq dernières saisons, ses parents ne devraient pas s’étonner de ne pouvoir l’inciter à se marier. George Clavering, il est vrai, possède de beaux cheveux bruns et un sourire aussi espiègle que séduisant, mais quelle femme de caractère changerait d’avis simplement parce qu’un membre de la gent masculine sort du lot ? Pour l’un comme pour l’autre, ce qui n’était au départ qu’un pari amical pris entre deux invités désœuvrés au cours d’un bal se transforme en un désir sincère d’aider leurs protégés à trouver le bonheur. Et dans l’hypothèse où des sentiments plus profonds motiveraient George à conquérir le cœur d’Alice, alors il n’aurait d’autre choix que de les faire taire. Après tout, lady Alice a juré de rester célibataire, et George a salué sa décision. S’il cherchait maintenant à la faire fléchir dans sa résolution, ce serait tout sauf fair play…
PapaDustream