Avril 1916. Les 11000 hommes de la 1re Brigade russe débarquent à Marseille où ils seront acclamés avant d’être envoyés sur le front de Champagne et le Chemin des Dames. Kolya, l'anarchiste amoureux de la France, Slava, le meurtrier d'un bourgeois moscovite, Iouri, obsédé par une étrange vengeance, et Rotislav, qui lui n'avait rien demandé, y partagent souffrances, angoisses et espoirs. C’est là que leur parviennent les premiers échos de la révolution russe. S’ensuivent les premières mutineries et la déportation des fauteurs de troubles au camp de la Courtine dans la Creuse. Kolya ne rêve que de filer vers Marseille pour pouvoir rallier Moscou, via le moyen orient, en y entraînant ses frères de combat. Y parviendra-t-il ? Et quels impacts laisseront ces années laminées par la barbarie d’une guerre et l’utopie d’une insurrection sur ces amis ? Cette double atmosphère – l'atrocité de la guerre et les espérances d'une révolution – était propice à l'écriture d'une histoire forte. Et puis, il y a le Marseille criminogène des rues obscures, de ces vieux quartiers chers à Suarès, Londres, Cendrars, McKay et bien d'autres... Au-delà de ce décor, l’intention de Gouiran est d'évoquer la vie (et souvent la mort) de cette jeunesse détruite durant ces années de feu, de fer et de sang. Il s'agit de montrer combien les certitudes et les espérances de ces jeunes allaient être broyées par les impitoyables machines bellicistes et totalitaires, d'esquisser la folie de la grande hécatombe de 14-18 dopée par l'entêtement meurtrier de quelques généraux. Il s'agit également de pointer la complexité et la fragilité des engagements dans des périodes insurrectionnelles incertaines qui peuvent dissoudre l'enthousiasme des peuples dans des dérives oppressives. Une question émergera de cette double problématique de la guerre et de la révolution, une question que l'on retrouve souvent dans ses polars : jusqu'où doit-on (ou peut-on) aller pour être fidèle à son idéal ?
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