« Ce n’est pas un essai théorique sur la traduction, mais une illustration des problèmes que posent la traduction à travers des exemples qu’Umberto Eco a vécu : en tant qu’éditeur, en tant qu’auteur, en tant que traducteur lui-même. Ce sont ces trois éclairages-là que nous retrouvons sans cesse dans un texte qui fourmille d’exemples, en toutes les langues. Eco demande à ses lecteurs d’être plurilingues, et non polyglottes, nul besoin de maîtriser les langues citées pour comprendre, puisqu’on est toujours dans la comparaison.
Lorsqu’on arrive à la notion capitale de la fidélité : s’il ne cite pas le fameux traduttore-traditore (que les Français ont inventé) il nous apprend que la fidélité n’est pas la reprise du mot à mot mais du monde à monde. Les mots ouvrent des mondes et le traducteur doit ouvrir le même monde que celui que l’auteur a ouvert, fût-ce avec des mots différents. Les traducteurs ne sont pas des peseurs de mots, mais des peseurs d’âme et dans cette histoire de passage d’un monde à l’autre tout est affaire de négociation. Voilà, le mot est lâché ; tout bon traducteur est celui qui sait bien négocier avec les exigences du monde de départ pour déboucher sur un monde d’arrivée le plus fidèle possible, non pas à la lettre mais à l’esprit. Tout donc est dans le presque du titre. »
Myriem Bouzaber
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