Présélection pour le “POLAR “ 2015 du meilleur roman francophone Ça ressemble à l’Amérique, là où les vivants barbotent dans les grands lacs et les morts dans des baignoires remplies d’acide… « Tout a commencé quand on a retrouvé le corps de Julian McBridge au fond de l’étang que les Jones avaient fait assécher pour compter les carpes. Ils auraient plutôt eu l’idée de repeindre leur porte de grange ou de s’enfiler en buvant des Budweiser et c’était bon pour moi. McBridge n’était pas venu ici faire trempette, ça faisait deux ans que je l’avais balancé là par une nuit sans lune avec un couteau de chasse planté dans le bide. 835 carpes et 1 restant de McBridge. Les Jones avaient un cadavre sur les bras, ils ont commencé à se poser les questions qui vont avec… » Un homme part en taule pour avoir tué le salaud qui a abusé de sa mère. Ça aurait pu s’arrêter là, mais une cascade d’événements va bouleverser la donne… C’est d’abord Iggy, son ami, son frère, qui lui lègue un vieux pick-up bouffé par la rouille… Puis ce cadavre enterré dans son jardin, ce paquet de fric qui tombe du ciel, cette bande de dingues qui détruisent sa maison… Puis, Pete, l’homme providentiel à la Harley… Et Jenny, Suzy et les autres… Sans compter cet homme étrange qui ne parle jamais… Ça ressemble à l’Amérique, là où les vivants barbotent dans les grands lacs et les morts dans des baignoires remplies d’acide… TRAIT BLEU est une perle, un OVNI littéraire, une curiosité. Un roman noir d’espace et d’aventure. Une écriture, un style, une ambiance, une envie de tourner les pages, un grand regret quand ça s’arrête… Un roman intense écrit d’une seule voix, celle d’un homme vivant au milieu de nulle part, plutôt fruste, plutôt sensible, pas sorti indemne d’une enfance probablement difficile, mais qui garde, sur la vie et ses soubresauts, un recul salutaire auréolé d’ironie, teinté d’un brin de folie et de zen attitude. Des personnages à la marge, embarqués par les événements. Une écriture qui révèle avec finesse pensées, sentiments et sensations à fleur de peau. C’est cruel, parfois drôle ou philosophique, souvent décalé… On se croirait au fond du Montana, ça pourrait être ailleurs, peu importe… Parce que de toute façon, on est embarqué dans ces pages comme si on descendait les rapides d’une rivière en furie sur une pirogue sans pagaie… ballotté, effaré, douché, concentré, mais vivant… si vivant ! Superbe
PapaDustream