Interné à la Maison Madeleine après une chute, le client E. Busken dépend désormais d’une armada de blouses blanches, opérant selon des règles curieuses. Autrefois professeur, cryptozoologue ou peut-être bien auxiliaire au tri postal, cet intellectuel est exaspéré par sa dépendance physique et s’enferme en protestation dans un mutisme absolu et une apparente surdité. Mais en lui les mots bouillonnent et surgissent pour commenter tout ce qui se passe en ces lieux, des diagnostics de sa prétendue sénilité aux préparatifs du barbecue qui enchantent tant les autres pensionnaires. Toujours certain de sa supériorité, Busken enchevêtre mentalement souvenirs et condamnation de ses contemporains, observation du monde et bribes de réflexion, promenant le lecteur entre stupéfaction et hilarité. Véritable tour de force littéraire, Le client E. Busken nous embarque avec une redoutable ironie dans la conscience d’un personnage frappé de démence et dont les mots sont le dernier élan de vie. Ultime roman de l’auteur, il se déploie comme un livre testament qui condense l’immense talent de Jeroen Brouwers, dans le sillage de James Joyce et de Samuel Beckett, et nous interroge sur le pouvoir de la langue quand tout le reste se délite.
PapaDustream