Killashandra, la chanteuse-crystal, va bientôt fêter ses deux cents ans : les spores lui ont donné la longévité, mais l’heure est proche où ils détruiront sa mémoire. Ces automates sans passé qui lui faisaient horreur, et auxquels elle s’était promis de ne jamais ressembler, elle est bien obligée d’y voir les figures mêmes de son avenir. Et le pire, c’est qu’elle a négligé d’enregistrer ses faits et gestes ; elle n’a pas gardé trace de son patrimoine vital ; elle ne sait plus que Lars est l’homme de sa vie, et ils finissent par vivre pratiquement séparés. Mais sur une planète du secteur de la Balance, au fond des cavernes, on trouve des arches formées d’une substance luisante qui semble pulser. Cette substance, Killashandra l’a vue croître, elle a bien cru se faire engloutir. Elle n’en garde aucun souvenir, mais Lars était là aussi. La relation unique des chanteurs au crystal, il sait qu’elle fonctionne aussi avec cette substance. Et l’autre relation, plus singulière encore, qui unit cet homme et cette femme, elle doit bien rester codée en Killashandra. Tout au fond de son cerveau. Ce troisième et dernier roman du cycle du crystal opère une convergence avec les grandes sagas de Pern et de Pégase : l’héroïne, confrontée aux limites de sa vitalité, a besoin d’un homme d’action pour veiller sur elle, au moins dans les situations extrêmes. Il faut se battre. Et pourtant McCaffrey n’oublie pas qu’en écoutant une mélodie, on comprend tout ce qui est à comprendre ; et qu’en chantant une chanson, on exprime tout ce qui est à exprimer. Il faut chanter.
PapaDustream