C’est quand on est loin de sa terre natale que la pensée s’y attache le plus. Même parmi les hasards les plus impérieux d’une vie vagabonde, à travers les joies rapides et les malchances opiniâtres, la vue d’un clocher svelte, émergeant, au printemps, de la brume verte des arbres, évoque nécessairement les années de l’enfance. Chacun de nous a éprouvé, dans un moment précis de son existence, ce brusque afflux de souvenirs qui fait taire la raison et parler le cœur. On devient alors, en quelque sorte, imperméable aux réalités de l’heure et, sans bien savoir pourquoi ni comment, le passé projette soudainement devant nos yeux un film qu’on n’attendait guère et qui, pourtant, ne pouvait être que celui-là. Les personnages s’y meuvent avec aisance parmi les décors familiers. Des voix résonnent aux oreilles, mystérieuses de précision, avec leurs intonations diverses, leurs répétitions de mots qui, jadis, faisaient sourire, et qui, présentement, émeuvent malgré soi. …
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