Entre 2005 et 2009, dans une communauté mennonite isolée de la Bolivie, appelée la colonie du Manitoba, du nom de la province du Canada, de nombreuses filles et femmes, le matin venu, éprouvaient de la difficulté à émerger du sommeil. On les avait agressées durant la nuit, et leur corps meurtri saignait.
Il s’est avéré que huit hommes de la colonie s’étaient servis d’un anesthésiant vétérinaire pour plonger leurs victimes dans l’inconscience et les violer. Ce qu’elles disent est à la fois une réaction à ces faits vécus, exprimée par le truchement de la fiction, et un acte d’imagination féminine.
Dès le petit matin, huit femmes des grand-mères, des mères et des filles appartenant à la même communauté gravissent l’échelle qui mène au grenier de la grange. Leurs voix s’élèvent, d’abord hésitantes, puis avec force. Elles se consolent, se taquinent, se font des remontrances, racontent ou discutent tout simplement les unes avec les autres.
Peu à peu, nous arrivons à comprendre pourquoi elles se sont rassemblées là. Elles ont quarante-huit heures devant elles pour arriver à une décision qui changera à tout jamais leur vie et celle de leurs enfants. Et c’est à un homme, l’instituteur August Epp, que revient la tâche de consigner les conversations de ces femmes analphabètes. Tour à tour acerbes, drôles et sages, les paroles de ces femmes meurtries oscillent perpétuellement entre la colère et la compassion.
Avec ce huis clos, Miriam Toews nous fait toucher quelques vérités essentielles sur l’amour, le couple, les rapports de force qui y règnent et sur la seule manière d’y échapper : la solidarité.
PapaDustream