Pendant l’été 1965, Dino Buzzati, parti à la recherche de l’Italie mystérieuse pour le grand journal « Corriere della Sera », en ramenait une série de croquis pris sur le vif qui venaient, fort curieusement, agrandir le monde fantastique et magique auquel l’auteur du Désert des Tartares, désormais parvenu à la gloire, avait jusqu’alors habitué ses lecteurs.
De la misérable Mélinda, sorcière contre son gré, au fascinant docteur Rol, inspirateur de Fellini, en passant par l’amiral en retraite Aloisi, qui trompe l’ennui de ses vieux jours en appliquant à la lévitation d’objets familiers les recettes secrètes grâce auxquelles il a jadis tenu la flotte anglaise en respect, c’est toute une galerie de magiciennes au petit pied, de rebouteux illuminés, de jeteurs de sorts analphabètes, de prophétesses en mal de sainteté qui défile et délire le plus sérieusement du monde et dont – grâce au talent et à l’humour glacé de Buzzati – les trucs les plus minables prennent soudain une ampleur, une grandeur insoupçonnées.
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