« Pauvre petite, je t’emmène. Tu ne sais pas écouter. Tu ne sais pas parler. Tu ne sais pas chanter. Je t’enseignerai. » Joy Harjo nous entraîne le long de la route qui a fait d’elle une poète guerrière. Poète, elle l’est depuis sa naissance dans la banlieue de Tulsa, en Oklahoma. Enfant, elle écoute le bruit de la terre, et entend déjà la voix des Anciens. Guerrière, elle est obligée de le devenir : pour résister à la violence d’un beau-père, au racisme de la police, au mépris réservé à toutes les personnes marginalisées. Poète officielle des États-Unis depuis 2019, Joy Harjo met en lumière dans ses mémoires l’envers du rêve américain. Née d’une mère cherokee et d’un père muscogee creek, elle est de tous les grands combats des peuples amérindiens, aux côtés de l’American Indian Movement. Dans ses poèmes, elle chante la grandeur et la cruauté d’un pays qui s’est construit dans la violence et le vol des terres de ses ancêtres. À sa voix se mêlent celles de tous ceux qui l’ont inspirée, des poètes aux musiciens, d’Emily Dickinson à Audre Lorde, de sa tante Lois au saxophoniste Jim Pepper. Entre la mélopée d’un chant traditionnel et la mélancolie d’un air de blues, Joy Harjo fait entendre l’hymne d’une nation qui se tient toujours debout.
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