Monsieur Viannet a cinquante ans. Il vit avec sa femme dans un minuscule appartement glacial, du côté de Bastille, où les courants d’air ne chassent plus l’odeur du tabac. Autrefois Monsieur Viannet été bel homme, sportif, a fait l’armée. Il a des enfants qu’il ne voit plus. Monsieur Viannet, surtout, a été acquitté après avoir été accusé du meurtre de son père.
Nous pourrions très bien croiser Monsieur Viannet dans la rue, mais Monsieur Viannet ne sort plus. Il a ses cigarettes qu’il fume à la chaîne, ses bières qu’il vide du matin au soir, son écran plat qu’il n’éteint jamais et qui renvoie, comme un miroir, l’absurdité du monde. Monsieur Viannet est, que cela nous plaise ou non, notre exact contemporain.
En face de lui, la narratrice. Elle est chargée par un centre de réinsertion d’évaluer ce que deviennent les anciens résidents dont Monsieur Viannet a fait partie. C’est elle qui pose des questions. C’est elle, malgré sa rigueur professionnelle, qui se laisse hanter par le désespoir radical de Monsieur Viannet, jusqu’à la tragédie finale.
Avec Monsieur Viannet, Véronique Le Goaziou nous fait rôder à chaque instant, la gorge serrée, du côté de Beckett et de Kafka.
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