« Je regardais Maman, je n’arrêtais pas de la regarder. Elle était belle comme une actrice sans maquillage. Maman ôtait les noyaux avec une épingle à chignon. Elle avait les doigts rouges de jus de cerise comme si elle avait pratiqué une autopsie à main nue. Papa est arrivé et lui a donné une tape près de l’épaule. Elle a sursauté et s’est concentrée sur les cerises. Les photos du prospectus gondolaient sous les taches de jus. J’ai regardé mes parents à travers le fond de mon verre. Ils étaient rétrécis et avaient l’air de ce qu’ils ne sont jamais : oniriques. »
Après plusieurs années à Paris, Lily est de retour dans les Vosges, où elle a grandi. Elle crée un jeu de miroirs sensible entre son passé et son présent, entre Paris et la campagne. Les détails du quotidien dans son village ravivent en elle les défaillances de ses premiers pas dans l’édition, le souvenir des auteurs, des cafés, et celui d’un amour croisé à Saint-Germain-des-Prés.
Lily, qui se heurtait naïvement au métro, aux vitrines, se heurte au langage de la campagne, aux fêlures de son enfance, aux images de son père disparu et de sa mère enfuie de sa chambre d’hôpital, que tout le monde cherche. La jeune femme pose un regard poétique et malicieux sur tout ce qui l’entoure, observe avec légèreté personnages et parfums, lieux et sensations, comme si seule l’inépuisable variété des choses infimes pouvait lui rendre un peu ce qui lui manque le plus.
PapaDustream