Au début des années 90, le gouvernement du Salvador et la guérilla entament des négociations ; Erasmo Aragón, journaliste salvadorien exilé au Mexique, songe à regagner son pays d’origine, ce qui lui permettrait également de planter là sa femme et sa fille qui l’énervent prodigieusement. Dans l’attente du départ, il vit dans un état second, entre les vapeurs de l’alcool et les bouffées d’angoisse, hanté par des souvenirs confus et la peur d’être arrêté à sa descente de l’avion. Souffrant d’une douleur chronique au foie, il consulte don Chente Alvarado, un vieux médecin qui lui prescrit des séances d’hypnose censées le soulager, dont au réveil il ne se rappelle rien. Paranoïaque, égoïste, velléitaire, le narrateur nous entraîne dans un flot de phrases au bord de la crise de nerfs, de soirées arrosées en lendemains de cuites, obsessionnel jusqu’à la déraison. Avec ce roman brillant, Castellanos Moya continue sa grande exploration de la violence, ici incrustée au plus profond de l’individu, comme si la guerre habitait les corps bien longtemps après la fin des hostilités.
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