Dans le roman Terne, l’univers mis en place est suffisamment brumeux pour que l’on doive se questionner sur la réalité des faits qui se déploient ou ont l’air de se déployer. Le narrateur, un jeune homme, consomme une drogue récréative, une drogue dure, qui lui a été remise par le bon copain dealer de service que la conjointe du narrateur n’apprécie pas beaucoup. Après avoir consommé cette dive poudre, le narrateur se retrouve dans la situation qui littéralement déclenche l’étrange trame du présent récit. Mais cette situation, quelle est-elle exactement ? Les choses ne sont pas claires car l’altération des sensations et des perceptions due à l’absorption ponctuelle de cette obsédante substance est soigneusement reproduite dans l’écriture tant et si bien qu’il vient un moment où, à l’instar du narrateur, on ne sait tout simplement plus où on en est… Tout va mal, le protagoniste se fait brutaliser, se fait tabasser par des jeunes malabars… vraiment ? Ou pas?
Ce roman est à lire comme un indice des contrariétés perceptives et conceptuelles d’une époque et du fait que, quand rien n’est impossible et tout est jouable, il n’est pas nécessairement si évident d’échapper à notre sort brutal. Si ce protagoniste meurt, on souffrira avec lui. Et si ce protagoniste reste en vie, c’est là, et vraiment là, qu’il macère au fond du dernier des enfers, l’enfer ordinaire. L’enfer… terne.
PapaDustream