Le regard que j’ai toujours porté sur Los Angeles est celui d’un autochtone. Je n’ai jamais vu cette ville comme une terre étrangère dépeinte par des écrivains venus d’ailleurs. C’est là que j’ai grandi. Les données que je récoltais, je les passais au crible, je les transfigurais comme un gamin peut le faire. Il y en avait pour tous les goûts. Les lignes conductrices qui reliaient entre eux les divers éléments, c’étaient la corruption et l’obsession… » James Ellroy poursuit la psychanalyse sauvage de sa propre vie et de sa ville natale dans des textes percutants, comme Où je trouve mes idées tordues ou Ma vie de branleur ( » Le sexe a failli me tuer. Le sexe que je parvenais à pratiquer sans contact humain. « ) ; il passe la boxe au crible dans un article intitulé Sport sanglant et, dans le bouleversant Stephanie, il exprime sa fascination et sa compassion pour les victimes de crimes sexuels. Le recueil s’achève en apothéose par un roman miniature débridé, inventif en diable, dont le titre est tout un programme : Un baisodrome à Hollywood. Destination morgue, c’est aussi pour Ellroy l’occasion de parler de son père, de la justice, de la peine de mort, de ses provocations, tout cela avec force, honnêteté, voire brutalité, dans ce style coup de poing qui n’appartient qu’à lui. C’est un alcool fort qui monte à la tête. C’est du Ellroy.
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