Conçu durant l’hiver 1942-1943, révélé en 1966, Trouble dans les andains, premier roman de Boris Vian, n’est ni l’ébauche ni la version primitive de quelqu’une de ses autres oeuvres. C’est un récit d’inspiration originale, pleinement achevé, conduit avec allégresse et que rien ne bride puisqu’il est mû tout entier par la dynamique des mots. Exemple le plus direct du langage-univers de Boris Vian, cette aventure où se mèlent la terreur (drolatique), l’enquète policière (cocasse) et l’espionnage-bouffe, ce sont les mots en effet qui la mènent et la tissent, l’embrouillent et la dénouent, y rebondissent et cabriolent, et nous font trembler à force de rire de leurs galipettes. Boris Vian s’y dédouble, s’y multiplie en dix personnages qui se poursuivent d’Auteuil à Bornéo, nagent dans des flots de sang de crapaud et s’entretuent joyeusement en se disputant- un mystérieux engin, le barbarin fourchu. Une histoire que Boris Vian s’était racontée à lui-mème faute de pouvoir la lire dans le livre d’un autre.
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