Pour ce quatrième roman, Yann Moix a choisi d’explorer une époque, la nôtre, où la question n’est plus, comme au temps de Hamlet, « Etre ou ne pas être », mais : « être célèbre ou ne pas l’être ». Oui, la célébrité, le désir de célébrité sont bien, avec leurs conséquences : « qui suis-je ? », ou « n’aurais-je pas intérêt à être un autre ? » – les vrais sujets de ce roman insensé. L’histoire ? C’est celle d’un pauvre gars, Bernard Frédérique, qui décide d’être célèbre en devenant un sosie de Claude François. Avec son imprésario, un certain Couscous, et avec sa troupe de « Bernadettes », il va ainsi vivre son « identité de sosie ». Cloclo est son dieu – pourquoi n’en serait-il pas, lui, le prophète ? On pénètre alors dans l’univers minable et touchant des fans, des mystiques d’Alexandrie, Alexandra, des intégristes de Comme d’habitude, des paumés qui n’en finissent pas de revivre la « geste claudienne », avec ses vestes frangées et ses pantalons patte-d’éph Dans ce monde bizarre – où l’on croise des sosies de Sardou, de Johnny, d’Elvis, etc – personne ne sait, au fond, qui il est. On usurpe une identité pour exister un peu, entre des concerts à Euromarché et des virées sordides sur un parking d’autoroute… Yann Moix joue ici sur tous les registres : drôlerie (son héros invente une véritable langue hilarante), mélancolie (que sont nos années yé-yé devenues ?), érudition (Moix n’a pas son pareil pour évoquer tel concert live ou la biographie d’un guitariste de troisième ordre) et même religion (après tout, Cloclo est un dieu, son sosie se vit comme un Christ, et son impresario, Couscous, ressemble à Saint Jean-Baptiste). On aura compris que, derrière cette fable de clones, de cloclones, Yann Moix raconte drôlement une histoire bien sérieuse…
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